À l’instar d’une comète, l’humoriste Amos César fait son réapparition sur la scène théâtrale. Après plus de douze ans d’absence, l’ancien élève du Petit Conservatoire est de retour avec son nouveau monologue comique: Itiya. Mis en scène par la comédienne Gaëlle Bien-Aimé sous la supervision de Daniel Marcelin, ce spectacle ponctué de rires, de hochements de têtes et de forts applaudissements a ouvert un nouvel horizon le dimanche 11 août 2019 au restaurant Le Villate à Pétion-Ville, après une longue attente.
Avec la fameuse question fondamentale « Depi kilè tèt nou pati ? », Amos César, scénariste, comédien et animateur, tourne en dérision la chose politique et sociale dans un spectacle généreux à l’image de ses échanges avec le public. Les fans qui l’attendaient avec impatience l’ont grandement apprécié dans leur expression d’usage, entre acclamation et rire. Itiya, Ayiti à l’inverse est une série de questionnements sur ce pays qui devient la risée du monde. Tout le long de ce monologue, la magie de l’orateur a permis d’élucider son énigme. Il fait ressortir l’essence de la réalité politique, sociale et économique d’Haïti dans un langage simple et sans détour, en interrogeant les instances étatiques du pays par sa complaisance particulière. À tour de rôle, l’humoriste a soulevé les problématiques de nos gouvernements, de nos églises, de nos écoles, des réseaux sociaux et de l’éducation sexuelle des jeunes. Parmi ses plus percutantes satires, on se souviendra de l’aisance de l’artiste à mettre en ébullition un public mixte et jeune en parodiant une phrase de plus en plus présente dans nos souvenirs: « M ap pran solèy la, dlo a, tè a pou mwen mete nan asyèt moun yo. »
S’inspirant de la série télévisée Smallville créée en 2001 par Alfred Gough et Milles Millar, Amos César plonge dans l’histoire du personnage principal, Clarck Kent, pour approcher l’image de superman et celle de l’arrivée des météorites sur la planète Terre. L’humoriste se sert de cette science-fiction américaine pour mettre en évidence les pouvoirs surnaturels que procurent ces météorites à quiconque arrive à le toucher. Le spectacle proposé est alors une façon de revoir la situation du pays avec une imitation railleuse. L’aspect original, merveilleux de ce stand-up tient au fait que la plupart des dirigeants de ce pays sont décrits comme des gens frappés par le phénomène de météorites. Un tel choc les aurait dotés d’un pouvoir surnaturel les habilitant à diriger. Voilà ce qui expliquerait la présence de ces hommes irresponsables et incultes dans les fonctions de direction et de gouvernance d’Haïti.
Avec Itiya, Amos César s’incrit dans la lignée des comédiens qui continuent d’activer le rapport de l’art avec le pouvoir. Il remet en question cette société spontanée et les opportunistes qui se servent de la politique pour entretenir le cercle vicieux de la pauvreté, de l’ignorance et de la violence sous toutes ses formes. À la différence de Smallville, les dirigeants n’apportent aucune résolution pour le peuple que ce soit à l’église ou dans les sphères politique et économique, d’après l’initiateur de ce projet. En effet, nos fonctionnaires mettent de l’apparat dans leurs moindres actions. En simulant des discours de quelques hommes d’Église et de parlementaires qui sont, quelquefois, des anciens cancres qui deviennent des corrompus et des renégats, Amos César offre la parade d’un ensemble de scènes burlesques. Par exemple, il a évoqué des manières ostentatoires que quelques politiques se complaisent à utiliser avec générosité le mot double « li gen twa doub nasyonalite.»
Si le comédien est de nouveau visible, cette facette n’a pas pour autant remis au second plan le coanimateur de l’émission Agora 7-10 de radio Alléluia Fm. Décidément, l’humoriste Amos César est bel et bien de retour avec Itiya Stand-up qu’il a d’ailleurs offert dans le cadre des deux ans de commémoration de son magazine matinal. Cette fois, ce spectacle représente une valeur ajoutée au riche palmarès de l’artiste.
Crédit: LENOUVELLISTE